L’article présente l’esquisse d’un modèle linguistique s’inscrivant dans une méthodologie de repérage et d’analyse des nominations émergentes ou référentiellement instables, telles que appropriation culturelle, harcèlement de rue, réfugié climatique ou écocide. Le modèle et la méthode sont destinés à guider l’interprétation – manuelle ou semi-automatique – des expressions référentielles, suivant le type sémantico-cognitif de l’entité désignée (entité humaine, processus social, événement), mais également en tenant compte des négociations interdiscursives qui touchent aux choix des termes et à leurs usages. L’approche proposée est originale et repose sur plusieurs idées directrices : (1) tenir compte de la complexité des nominations et de l’intrication de leurs différentes facettes que sont catégorisation, signification, performativité et valorisation (désidérabilité, préférences, normes sociales), (2) cibler la phase d’élaboration des nominations (observer comment les locuteurs composent avec l’instable) : on mobilisera, à cet effet, la notion de repérage entre entités faibles ou repérées et entités fortes ou repères, (3) rendre compte de manière intégrée de l’élaboration référentielle des connaissances, de l’élaboration lexicale et sémantique des expressions, et de l’expression des attitudes intersubjectives. Le cadre scientifique conjugue trois domaines disciplinaires principaux : le traitement automatique des langues (construction et représentation des connaissances, référence), la sémantique (élaboration des significations) et l’analyse de discours (élaboration interdiscursive des concepts et des termes).